À mi-chemin entre l'album et le roman, ce document, rempli de malice, d'humour et de tendresse, se présente comme des extraits du journal de Su Suzanne, et est richement illustré de crayonnés vifs et lumineux. Les héroïnes, cheveux roux en bataille et salopette verte pour l'une, lunettes roses à monture carrée et cheveux blancs bouclés pour l'autre, sont toutes deux énergiques, et leurs traits du visage, bien que simples, sont extrêmement expressifs. Ce texte est narré à la première personne par une jeune fille attachante, souffrant du manque de temps des adultes autour d'elle: à cause de son bégaiement, parler lui demande plus de temps, on ne lui laisse jamais la chance de s'exprimer et cela lui renvoie l'image qu'elle n'est pas intéressante. Ce livre met bien en évidence l'agacement que l'on ressent, peu importe son âge, lorsque l'on se fait couper la parole ou que l'on finit nos phrases. L'amitié entre la jeune fille et son aînée, bien que très différentes l'une de l'autre (âge, nationalité, expérience) naît autour d'une même différence et d'un même besoin: être écouté. [SDM]