Un roman miroir de lecture facile et qui donne froid dans le dos en décrivant concrètement les étapes de ce voyage en enfer, en une succession de retours en arrière qui donnent, dans le désordre au début, la mesure de ce qui arrive à Faustina. S'adressant en désespoir de cause par la pensée à sa grande soeur Guadalupe, l'héroïne narre son histoire, tombée dans un engrenage qui tourne très mal et qui va la mener à collaborer avec Carmen qui cherche, quant à elle, à résoudre un autre crime: "Toutes ces filles qui disparaissent! Tu sais combien jusqu'à maintenant? Des centaines, merde! Enlevées puis torturés, assassinées et abandonnées aux coyotes! [...] Celle qu'on retrouve, ou du moins ce qu'il en reste, pourrissent dans le désert ou enterrées dans des fosses communes. Ce n'est pas un cas de crime majeur ça? Et personne ne lève le petit doigt." (cf. p. 94). Une lecture forte, engagée et parfois frappante qui lève le voile sur les graves dangers qu'encourent les jeunes femmes tentées par ces gains faciles, présentés sous le couvert d'une collaboration banalisée par les trafiquants. On y met aussi en lumière le sort d'adolescentes mexicaines ici abandonnées par l'État. Le dénouement qui pointe vers un possible avenir moins malheureux pour Faustina apporte, en finale, un peu d'espoir à cette jeune Canadienne naïve portée disparue, mais reconduite à la frontière, au terme du récit. [SDM]